Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est en recrudescence au Québec. On observe une hausse de 54 % des nouveaux diagnostics de VIH de 2019 à 2023. On est passé de 309 nouveaux diagnostics en 2019 à 476 en 2023.
Qui plus est, un peu plus d’un Québécois qui vit avec le VIH sur dix ignore son état. En effet, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) estimait que 19 101 personnes vivaient avec le VIH en 2022, dont près de 11 % n’auraient pas été diagnostiquées.
D’ailleurs, le Québec n’atteint pas les cibles internationales de l’Organisation des Nations unies (ONUSIDA) qu’il s’était engagé à atteindre :
| Cibles à atteindre (ONUSIDA 95-95-95) | Le VIH aujourd’hui au Québec |
| 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut | 89 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut |
| 95 % de celles-ci reçoivent un traitement | 82 % de celles-ci reçoivent un traitement |
| 95 % de celles qui sont traitées ont une charge virale indétectable | 96 % de celles qui sont traitées ont une charge virale indétectable |
| 0 nouveau cas | 476 nouveaux cas (en 2023) |
| 0 décès | 31 décès (en 2024) |
Face à cette recrudescence des nouveaux cas de VIH, le Commissaire à la santé et au bien-être souligne plusieurs enjeux en matière d’accès, de stigmatisation et de coordination des soins et services.
Les principaux enjeux
En effet, le Commissaire souligne notamment les enjeux suivants :
JOINDRE
Développer des stratégies pour atteindre des groupes plus vulnérables et faire la promotion et la prévention de la santé.
- L’accès est encore inégal, surtout lorsqu’il est question de rejoindre les populations plus vulnérables.
- La stigmatisation et la discrimination persistent autant au sein de la population que dans les milieux de soins, retardant le dépistage et l’accès, surtout pour certaines populations
- Le manque de clarté des stratégies de prévention et le manque d’accent sur la prévention et la promotion de la santé.
DÉPISTER
Pour simplifier l’accès, proposer les tests de dépistage tôt, souvent et dans un maximum de lieux fréquentés de façon usuelle par les populations : cliniques, centres communautaires, événements ou encore avec des équipes mobiles.
- Certains diagnostics sont encore tardifs (49 % des nouveaux diagnostics en 2022), ce qui maintient un risque de transmission évitable.
- Une crainte de criminalisation de la non-divulgation du statut sérologique peut influencer le recours au dépistage.
- L’accès aux tests rapides, communautaires et à l’autotest reste inégal, limité par des normes rigides concentrant les responsabilités dans les institutions de santé.
TRAITER
Mettre en route rapidement la trithérapie antirétrovirale dès le diagnostic, effectuer un suivi clinique (y compris le dépistage des coinfections, la vaccination, un soutien psychosocial, etc.) et soutenir l’adhésion aux traitements pour maintenir son efficacité.
- Seules 82 % des personnes (dépistées) vivant avec le VIH reçoivent un traitement antirétroviral au Québec, leur permettant d’avoir une charge virale indétectable, bien en deçà de la cible internationale de 95 %.
- Le soutien psychosocial est fragmenté et inégalement accessible. Les ressources pour le suivi clinique et psychosocial varient et sont souvent concentrées dans les centres urbains, laissant les personnes vivant dans d’autres milieux sans ressources.
ENJEUX TRANSVERSAUX
- Présence de barrières financières, administratives et culturelles touchant plus durement certains groupes (migrants, personnes utilisatrices de drogues, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, etc.).
- Les organismes communautaires jouent un rôle essentiel sur le terrain, mais leur financement demeure précaire.
- Il y a un manque de coordination entre les hôpitaux, la première ligne, la santé publique et le secteur communautaire.
Votre participation, au cœur de la transformation du système de santé et de services sociaux
Pour mieux comprendre ces enjeux, cibler les leviers prioritaires sur lesquels agir ensemble et bâtir une réponse plus cohérente, équitable et efficace à la lutte contre le VIH, le Commissaire a lancé une consultation publique. Pour y participer, vous êtes invités à répondre à un sondage ici, sur la plateforme Cocoriko. Ce sondage propose un espace de type « mur à idées » pour exprimer votre point de vue et faire part de vos suggestions. La période de consultation se termine en mars 2026.