En aout 2020, le gouvernement a confié au Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) le mandat d’évaluer la performance du système de santé et des services sociaux dans le contexte de la gestion de la première vague de pandémie de la COVID-19. Ce mandat touche particulièrement l’offre de soins et de services aux ainés et la santé publique.
Le rapport final issu de ce mandat, intitulé Le devoir de faire autrement, est publié en deux parties :
- Partie 1 : Renforcer le rôle stratégique de la santé publique, qui porte sur la gestion du système de santé en contexte de crise lors de la première vague pandémique
- Partie 2 : Réorienter la gouvernance vers des résultats qui comptent pour les gens, qui traite de la performance du système de soins et de services aux ainés hébergés en milieu de vie au moment de la première vague.
Conclusions de la première partie du rapport (santé publique)
Le Québec était mal préparé pour affronter la crise :
- Absence d’un plan de pandémie à jour, mis à l’essai et adapté à tous les types de milieux
- Manque d’agilité des organismes ne disposant pas de processus décisionnel en contexte d’urgence
- Rôles et responsabilités des acteurs de santé publique méconnus et imprécis, pouvant même susciter la méfiance
- Sous-représentation de la réalité des milieux de vie et des besoins des ainés découlant de l’absence d’experts
- Attitude paternaliste à l’égard des ainés
- Perception d’un manque d’indépendance du directeur national de santé publique
- Manque de transparence dans l’élaboration des directives et absence d’un processus de reddition de comptes en état d’urgence sanitaire prolongé
- Absence d’outils informatisés intégrés et absence d’accès à des données de qualité
- Manque de ressources humaines, financières et informationnelles pour la santé publique
- Fragilité au niveau des capacités en prévention et contrôle des infections
- Planification déficiente des réserves d’équipement de protection individuelle
- Recours limité au « principe de précaution ».
Recommandations
Pour renforcer le rôle stratégique de la santé publique, la commissaire a émis 2 recommandations :
- Placer la santé publique au cœur des stratégies prioritaires du ministère de la Santé et des Services sociaux
- Développer une culture de transparence en matière de politiques et décisions relatives à la santé des populations.
Que s’est-il passé?
Rappelons que la première vague de la pandémie (25 février au 11 juillet 2020) a causé 5 718 décès au Québec. Parmi les décès, 4 836 ont eu lieu dans les milieux de vie pour ainés, comme les CHSLD, les RPA avec ou sans unités de soins ou les RI-RTF).
C’est donc 64 % des décès de la première vague qui ont eu lieu en CHSLD. Ces milieux d’hébergement représentent moins de 0,5 % de la population.
Excès de mortalité :
- Ensemble du Québec : 15 %
- CHSLD : 34 %
L’excès de mortalité au Québec est le plus élevé par rapport à toutes les autres provinces pendant la première vague.
Pourquoi est-ce arrivé?
Les recherches et analyses réalisées pour les deux parties de ce rapport final montrent que la pandémie a révélé et amplifié 4 catégories de vulnérabilités du système des soins et services pour ainés :
- La gestion du système de santé en contexte de crise, indiquant que le Québec était mal préparé pour faire face à une pandémie.
- État du système de soins et de services aux ainés au moment d’entrer en pandémie (manque de main-d’œuvre, insuffisance d’encadrement du personnel, déficit d’expertise en matière de prévention et de contrôle des infections).
- La gouvernance défaillante des soins et des services destinés aux personnes âgées.
- La gouvernance générale du système de santé et de services sociaux.
La cause fondamentale de notre échec collectif pendant la première vague
De plus, depuis longtemps, le ministère ne valorise pas son rôle, pourtant essentiel, de gouvernance :
- Attention portée sur les opérations du système (activités, ressources, volumes de soins/services, accès) et non sur les résultats obtenus.
- Le ministère ne mobilise pas tous ses leviers de gouvernance pour améliorer la performance du système.
- Cela freine le développement d’une offre de soins et services qui optimise les ressources de santé pour améliorer la santé de la population.
La plupart de ces enjeux étaient déjà connus. Des recommandations ont déjà été faites. Les décisions n’ont pas suivi. Un changement d’orientation axé sur les résultats et sur la valeur des soins et services est nécessaire.